• EXPRESSION-CREATION

    Paul Le Bohec affirme que « la lecture ne guérit pas (…) » Je dirais qu’elle permet quand même de voyager, faire le tour de la Terre, et aussi visiter des mondes imaginaires. Elle peut inspirer, donner une grande idée… Mais ce que mon pédagogue préféré veut expliquer, c’est que la lecture ne nous rend pas créateur. Et la citation complète est « la lecture ne guérit pas. L’écriture, si ».

    Et il cite un tas d’exemples de sa « pédagogie du déclic », grâce à laquelle tant de ses élèves ont pu se révéler, prendre confiance en eux (ou la retrouver), grandir ! Le principe est tout simple : il suffit de donner des occasions à l’enfant de créer quelque chose. Imaginer, inventer pour ensuite le présenter à ses camarades.  Et ce second moment est aussi important que le premier, car c’est en partageant avec les autres qu’on peut se sentir exister, reconnu. Cette technique d’ »expression-création » s’applique dans les domaines de l’écriture, des arts, des mathématiques, du sport, … Bref, partout !

                                                                                                                                                                                             

    Cela me fait penser à la chanson de Renaud, « marchands de cailloux », dans laquelle il rêve à son école idéale, après avoir sévèrement critiqué le modèle traditionnel. Une école qui permet d’être heureux, tout simplement, d’avoir « une belle écriture pour écrire des mots rebelles et faire tomber tous les murs » ; « savoir se servir d’une perceuse, jouer peut-être du violoncelle », savoir lire « pour voyager de sa chambre autour de l’humanité ». Le poète conclut en disant qu’il n’y croit pas trop, qu’une école qui rendrait « les gens libres et égaux » serait sûrement vite « interdite pour les marmots »… Et pourtant, elle existe ! Si Renaud avait grandi en Normandie, il aurait pu être l’élève de Paul Le Bohec (et de tant d’autres aussi). Peut-être que c’est tant mieux, peut-être que c’est tant pis, parce que je suis quand même très content qu’il ait écrit cette chanson.

     

    Dans ma classe, j’ai donc instauré des moments comme ça. Cela commence dès le matin, en arrivant. A 8h30 environ, les enfants sont encore tout imprégnés des rêves de la nuit, de ce qu’ils ont fait la veille. Ils ne sont pas encore complètement entrés dans leur journée d’écolier. Pendant environ vingt minutes, ils prennent leur cahier d’écrivain. Sur la page de gauche, ils écrivent ce qui leur vient à l’esprit : une histoire, une anecdote, quelques vers… Certains préfèrent se lancer dans la réalisation d’un dessin légendé ou même d’une B.D à suivre ! Du moment qu’il y a des mots, j’accepte tout. Pendant que les premiers viennent me montrer leur cahier, les derniers terminent tranquillement. J’entoure au crayon ce qui peut, à mon avis, être corrigé tout seul. Et je m’occupe du reste. De retour à sa table, l’élève écrit au propre sur la page de droite. S’il en a encore le temps, il complète son texte avec une illustration. Ainsi, nous avons de jeunes auteurs qui créent quotidiennement !

     

    « Il était une fois une feuille verte, toute verte,

    Posée sur l’eau.

    Sur l’eau. Sur l’eau.

    C’était une feuille d’automne.

    Automne, la pomme. »

     

    Ou encore :

    « (…) Noé est allé dans une forêt encore plus noire que la Forêt Noire. Mais il avait une lampe de poche. Avec Timéo, ils ont exploré un peu. Et ils sont tombés dans un trou profond. (…) Dedans, il y avait un squelette de dinosaure. Ils ont marché dessus et ça menait à une grande lumière éblouissante. Et quand ils entrent dans la grande lumière éblouissante, ils voient un monde tout ensoleillé. (…) »

     

    Et puis, le petit bonus qui plait toujours beaucoup : pour les histoires un peu longues, je fabrique un petit livre à partir d’une feuille blanche A4. Tenir dans les mains son propre ouvrage, c’est sûr, ça fait quelque chose. On peut le partager, on se sent fier ! A l’image de Léa qui en a écrit trois exemplaires, avec une jolie couverture et des illustrations. Cela lui a pris beaucoup de temps ! Quant à Albert, c’est en voyant ses camarades réaliser leurs petits livres qu’il s’est mis véritablement à écrire. Il voulait le sien ! Lui, le gros dur, s’est drôlement appliqué pour nous raconter les aventures d’une petite souris.

    Quelques petits livres sont déposés à la bibliothèque, pour être lus sur place… Il paraît qu’ils ont un grand succès !

     

    Et pour finir, encore une citation de Maître Paul Le Bohec:" autrefois, on expliquait que pour s'en sortir dans la vie plus tard, un élève devait avant tout savoir lire, écrire et compter. Je dirais aujourd'hui que le plus important, ce qui est fondamental, c'est qu'un élève apprenne à être créatif! Qu'à l'école, il puisse cultiver sa créativité! En écriture, mais aussi en maths, en chant, en dessin, en sport, ... Pas besoin de le faire entrer dans une case. Juste, tout simplement, qu'il apprenne à devenir lui-même."


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